Résumé :
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L’oeuvre de Yasmina Khadra ne peut être contenue dans ce seul genre. Elle comporte des livres de souvenirs (L'écrivain), ce que l'on pourrait appeler un pamphlet (L'imposture des mots), des romans dont l'intrigue n'a plus rien à voir avec le genre, ainsi pour Cousine K. où la douce fraîcheur des amours enfantines en prend d'ailleurs un coup, et ces romans, comme Les Agneaux du Seigneur, A quoi rêvent les loups, Les hirondelles de Kaboul, dans lesquels le lecteur verra d'abord une sorte de reportage haletant sur l'innommable, l'inhumain, l'insoutenable, vus de l'intérieur, et sous la conduite d'un guide fort bien documenté sur la question. Il est quelqu’un qui observe la société d’une manière intense, il n’est pas dans la thérapie mais dans la littérature. L’auteur lui-même se met en scène dans son livre, conclue à la fin à l’imposture de la littérature. Dans « l’Imposture des Mots » Khadra nous a raconté son désarroi lors de la sortie de son roman « l’Ecrivain », le roman dans lequel il raconté sa vie notamment celle dans les rangs de l’armée depuis l’âge de neuf ans jusqu’au jour où il a annoncé sa véritable identité. Le lecteur auquel il est destiné ce roman, va le juger à sa manière et selon sa conscience en méditant sur les arguments donnés par l’auteur. Son lecteur est le seul juge qui va déterminer l’acceptation ou le refus non seulement du roman, mais aussi de son auteur dans la scène littéraire. Après avoir assisté au changement des prises de positions entre acceptation et refus, entre reconnaissance et incompréhension ; le dernier mot a été donné à l’auteur pour prouver sa cause et pour le passer à la fin au lecteur. Le doute cèdera la place à la compréhension pour régner en France, le pays auquel Khadra est allé non plus pour demander l’aumône ni pour lire dans les mains mais pour mériter son talent d’écrivain. Il est à la fin accepté dans un monde où la vérité n’est pas bonne à être dite aussi que bien d’être écrite. Son livre a été accueilli chaudement, salué aussi bien que classé dans les premières places au niveau des ventes et a réussi à s’approprier d’une place remarquable dans les librairie. Donc enfin la scène littéraire universelle a compris que le cumul de plusieurs années ne pourra jamais s’effacer devant l’hostilité. On reconnaît au fond de nous-mêmes et publiquement que Khadra est un romancier exceptionnel et ce qui fait cette exception est qu’il est difficile de se débarrasser de lui. S’il a pris les armes, il ne les déposera plus. Une question de principe ? C’est une question de vie ou de mort pas plus. Dans le cadre de ce travail de recherche, je voulais ouvrir une fenêtre sue l’acte qui a changé non seulement la vie de l’auteur, mais aussi la réception de sa production qui incluse cette révélation (l’Ecrivain). . Nous vivons dans un monde qui a oublié comment pardonner. Il faut donc se battre et ne pas céder le moindre empan de son terrain. Il n'est pas évident, pour un écrivain algérien, de se manifester sans devoir en découdre. Surtout si la chance lui ouvre les bras. Une notoriété est souvent chahutée d'une manière ou d'une autre. Il a aimé évoluer dans un univers sain, solidaire et reconnaissant. Mais ce n'est pas le cas. Aussi il est obligé de prouver, en dehors de ses livres, qu’il est un homme intègre. Il a pour la littérature une vénération religieuse et dans les écrivains une foi incommensurable. Ils représentent quelque chose de sacré, aussi immense qu'une religion. Il croit en eux et pense que le salut des hommes repose sur leurs contributions intellectuelles, philosophiques et romanesques. Pour cela, il se doit de ne pas me poser des questions susceptibles de lui déconcentrer. Ce qui importe est le travail littéraire que l'on attend de lui. Dans cette perspective, il s'escrime à donner le meilleur de lui-même. L'impact de ses romans sur le lectorat le rassure. Maintenant, s’il est contesté- est-il vraiment ? D'un autre côté, que l’on accepte ou pas parmi l'élite intellectuelle ne doit pas nous faire douter de sa générosité. Si son talent est réel, il sera récompensé. S'il s'agit d'un feu de paille, il s'éteindra bientôt. Il gardera de cette aventure la satisfaction d'avoir existé en tant que romancier et à nous d’avoir lu à un romancier de tel talent. Mais en filigrane, on ne peut pas fermer les yeux sur une réalité ; c’est qu’à la recherche de ce monde reconnaissant et des hommes exemplaires dignes des valeurs authentiques, KHADRA était en quête permanente d’une identité apparemment masquée-elle aussi- comme nous a habitué cet écrivain de masques. Ce sujet de quête de l’identité largement traduit et exprimé dans l’écrivain, aussi bien qu’il a été exploré dans le roman L’attentat à travers le long parcours du personnage principal dans sa recherche de vérité, il existe encore malgré qu’il devient un scénario ennuyant qui a été abordé par un grand nombre d’écrivains, un sujet qui a fait son temps dans la période post- indépendance. Ce sujet revient mais avec un autre visage, vu de différents angles et qui mérite d’être abordé comme problématique qui prend différents sens. Mais Chez Yasmina KHADRA , cette fois-ci il ne pourra prendre qu’un seul chemin malgré les visages pluriels que l’écrivain a adoptés arrivant jusqu’à l’écriture sous un pseudonyme français pour tester la réception du public français. Cette quête d’identité : est-elle une recherche de l’identité perdue de Yasmina KHADRA en tant que Moulessehoul personne- être humain ou bien elle est une recherche de l’identité d’un écrivain ? De son imposition pour le succès et le mérite qu’il a longtemps réclamé en s’efforçant de toucher à tous les sujets tabous et touchant à toutes les nations :( L’Algérie, L’Afghanistan, L’Iraq et le moyen Orient) pour essayer de dérober le succès ? Certainement ces questions trouveront des réponses un jour. Cette étude arrive à sa fin pour conclure que tout au long du développement des hypothèses présentées dans la problématique, on est résolu à ce que celle qui répondait au changement apparent et radical de la réception du roman L’Ecrivain est l’hypothèse qui s’est imposée. Ce changement était clair dans la mesure où le public lui donnait plusieurs interprétations parfois qui reflétaient les inspirations du romancier et surtout celles qui les contredisaient. Reçu comme roman du dévoilement (l’intention de l’auteur), il était interprété aussi comme le roman de la thérapie dans lequel le romancier s’est libéré de ses démons d’enfance. Le dévoilement comme un fait anodin était vu d’un angle restreint et souvent péjoratif. Au début, la parution du roman a suscité une grande déferlante médiatique et une suspicion. Mais après de grands efforts et affrontement médiatiques pour essayer de défendre non seulement son livre mais aussi sa crédibilité d’écrivain et sa personne, l’entente s’est finalement imposée et il a réussi à s’imposer et rétablir la part des choses. Cet écrivain qualifié comme auteur majeur par excellence avant le dévoilement et suspecté et accusé après la révélation de sa véritable identité a réussi à reprendre sa place parmi les écrivains de haute qualité. On ne peut pas négliger le rôle de ses interventions médiatique et la grande participation de la publication de la lettre de démission et publiée dans Le Monde dans le rétablissement de l’état des choses et dans la sauvegarde de sa réputation et sa carrière de romancier, qui, pour laquelle il a tout fait. Il a rétabli la reconnaissance et le mérite grâce à son talent et la manière de le mettre en œuvre, c’est-à-dire à bien représenter la réalité au biais de la fiction. S’il s’est réfugié en France c’est pour mériter son statut d’écrivain malheureusement il ne l’a pas pu le mériter dans son pays. Une notoriété est souvent chahutée de différentes manières, et s’il s’est imposé comme romancier majeur par excellence avant le dévoilement, il va continuer de le faire après, avec plus de force et de présence dans la scène littéraire.. Yasmina Khadra a pu rétablir la vérité est que Khadra était et restera le romancier algérien majeur qui mérite le salut de tout le monde. Lorsque Yasmina Khadra a fait dire, dans l’Imposture des Mots au poète disparu Nazim Hikmet : « Je donnerai tous mes poèmes pour un seul instant de ta vie ! » Khadra lui répondait qu’ « il donnerai tous les siens pour un instant de répit ». C’est une fois que la suspicion oubliée que l'effet du bidasse s'imposant dans l'univers des belles lettres estompé ne restera alors que l'écrivain à l'inspiration toujours à l'épreuve. Et c'est à partir de ce moment que le public lira Yasmina Khadra Mohammed Moulessehoul, peu importera la signature. Demandez-vous, sans vouloir percer le secret de sa présence, quelle est la source, vivante et bruissante, de Yasmina Khadra.
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